Poésies 2

HISTOIRE MACABRE


Dans un cimetière, un jour, je passais tout seul.

Sur une tombe muette

Voici tout à coup un jeune squelette

Qui se dresse devant moi, debout, dans son linceul.

Je fus pris d'une grande frayeur

Je n'avais jamais eu aussi peur.

Il me dit :


Fils de la solitude, écoute !

Permets-moi de t'accompagner sur ta route,

Faisons un brin de causette

Me dit-il, d'une voix fluette.

Tu vois, mortel, dans cet asile

Nous dormons tous tranquilles.

Nous percevons les hurrahs du vent

Les murmures de quelques passants,

Les pas sur le gazon jeune et doux

L'odeur de la rosée qui vient jusqu' à nous.

Je suis un cadavre abandonné :

Mon nom est même effacé.

Je fus jadis un poète, comme toi,

Et j'écrivais ce que je ressentais en moi.

Puis tu vois on se retrouve ici,

Au boulevard des incompris.

On est parfois célèbre, d'autres sombrent dans l'ignorance,

Mais ici cela n'a pas d'importance ;

On est tous égaux

Devant le Très-haut.

On attend d'être jugé !

D'un côté les bons et de l'autre les mauvais.

Allez ! va poète, ne te sens pas broyé sous la dent du remords,

Ecris dans tes livres qu'ici on est heureux    

Dans la ville des morts.

Ecris au monde entier de prier Dieu,


Dans un éclair le squelette disparut

Je ne l'ai plus jamais revu.